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Date

20 Février 2023

Auteur

Ummai

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Depuis mon adolescence, la photographie est pour moi bien plus qu'un simple passe-temps : c'est une véritable passion, une source d'inspiration constante. Et c'est avec une émotion toute particulière que je vous présente mon premier appareil photo. Cet objet en apparence anodine a en réalité joué un rôle essentiel dans ma vie, me catapultant dans l'univers de la photographie. Mais il est bien plus que cela : il m'a servi de boussole, de phare dans les moments de doute de l'adolescence, dans les moments de flottement, tel un repère solide. Aujourd'hui encore, cet appareil photo est un véritable symbole, le témoin de mes premiers pas dans le monde de l'art.

À l'intersection de plusieurs domaines et en position rétrospective, j'aimerais vous présenter la manière dont ma première caméra a su préserver un sentiment de continuité. La première caméra qui m'a initié à l'art de la photographie n'était pas la mienne, mais celle de ma mère, qu'elle me prêtait de temps à autre. C'était un fujifilm finepix !



Ma mère a pour habitude d’immortaliser les moments précieux de notre famille, capturant les sourires et les émotions à chaque réunion. C'est ainsi que j'ai été éduquée: à travers les images. Cette éducation remonte à une génération avant la mienne, grâce à l'amour de la photographie de mon arrière-oncle, un passionné de l'argentique. Cependant, cette caméra a engendré des avantages à mon égard bien au-delà de la simple initiation au domaine de la photographie.


La caméra pour se projeter dans le futur : l'influence inattendue d'un objet précieux

Un simple objet peut être considéré comme un croisement où se heurtent les destins, les souvenirs, les choix et les aspirations. Mon professeur en psychologie, Tania Zittoun, nous partage qu’un objet peut devenir une ressource symbolique dans les moments de transition de notre vie :

« ...un moyen de guider, transformer la compréhension de notre environnement, des autres ou de nous-même. »


Face aux moments de transition, tels un déménagement ou le passage d’école-travail, la culture offre un éventail d’éléments (livres, films, musique...) pour donner du sens aux expériences, les soutenir et s’imaginer de possibles alternatives.

Durant mon adolescence, comme beaucoup d’autres jeunes, j’ai été confronté à l'incertitude quant à mon choix professionnel. Ma première caméra a été un soutien précieux , bien au-delà de sa fonction première de capturer des images. Grâce à elle, j'ai pu me projeter dans les études que je suis aujourd’hui. Lors des cours d’art, ma caméra a pris une nouvelle dimension et m’a ouvert les portes des études en sciences sociales et humaines. Mon enseignant nous demandait de questionner notre démarche artistique, de creuser plus profondément pour comprendre ce qui motivait nos créations. Naturellement, des questions de la perception du monde, de soi et des autres ont émergé, prenant à ce moment-là un sens concret. La question du comment est alors devenue une quête passionnante, me poussant à explorer les mécanismes sous-jacents de nos comportements, émotions et pensées qui sont en constante interaction avec autrui, l’espace ou le monde en général.

Ma caméra a dépassé son usage artistique pour devenir un objet symbolique porteur de sens. Elle m'a permis de considérer un futur possible et de trouver une voie à suivre. Désormais, elle représente pour moi un souvenir précieux de mon parcours personnel.

« Les productions artistiques peuvent être considérées comme des extensions de l'individu projetées dans le monde et matérialisées sous des formes visuelles et physiques. »

– Tania Zittoun


La caméra comme espace imaginaire suspensif

Quand Izdi m’a demandé de parler d’un objet lié à la photographie, je n’ai eu qu’à fermer les yeux pour le voir apparaître. Mais plutôt que de me contenter d’une simple description dudit objet, j’ai pris cette occasion pour réfléchir à ma pratique photographique au fil des années. Cette caméra était une passerelle vers un monde où le temps se suspendait, où les instants les plus furtifs pouvaient être capturés et figés pour l'éternité. Elle était une invitation à regarder et construire le monde avec des yeux neufs, mais aussi pour le réexplorer plus tard à travers les retouches par exemple.

Il y a de cela 15 ans, lors de la création de mon premier projet photographique sur le thème de la réflection,je me trouvai totalement absorbée dans le processus de création, en faisant des allers-retours incessants entre les différents paramètres tels que la position des objets, la lumière ou encore l'espace.



2008

« La photographie est une façon de retenir un instant qui ne reviendra pas exactement de la même façon. »

– Martine Franck.

Aujourd’hui j’utilise des équipements sophistiqués, mais je ne perds jamais de vue l’essence même de ma démarche : créer des instants hors du temps où l’imaginaire rejoint la réalité.


Ma caméra: une lentille vers le présent

Ma première caméra m'a accompagné dans des moments de doute à l'adolescence, en étant un vecteur symbolique dans mes choix de projets professionnels et à interroger ma démarche photographique.

Qu’en est-il d’aujourd’hui ?

Habitant à Bienne, j’ai la chance d’évoluer dans un environnement créatif et entouré de personnes extrêmement talentueuses : des artistes, musicien.ne.s, des athlètes, entrepreneur.se.s... Cette ville abrite une jeunesse incroyablement riche en diversité et en potentialité. Au fil du temps, j'ai collaboré avec des personnes issues de ces différents milieux, ce qui m'a permis d’exprimer ma créativité tout en découvrant les disciplines des autres. Une co-construction mutuelle est apparue grâce à ces expériences et aux personnes qui ont croisé mon chemin, me permettant ainsi de progresser graduellement vers une professionnalisation dans mon domaine.



Finalement, dans notre monde moderne, où tout va si vite et où nous sommes constamment bombardés d’images, la photographie m’a paradoxalement offert un moyen de ralentir, de prendre le temps d’observer, de réfléchir et de créer avec le monde qui nous entoure. Si je peux résumer : c’est une façon de se reconnecter avec notre humanité.